Que doit-on retenir de cette étude ?

Cette étude a révélé que les jeunes adultes qui ont participé aux Olympiques spéciaux ont connu une réduction du risque de développer une dépression de 49 % par rapport aux jeunes adultes qui n’ont pas participé aux Olympiques spéciaux.

Où puis-je consulter cet article ?

L’article est publié en ligne dans Social Psychiatry and Psychiatric Epidemiology. L’article (en anglais) peut être consulté librement à l’adresse suivante : https://rdcu.be/c13Pi.

Lloyd, M., Temple, V.A., Foley, J.T., Yeatman, S., Lunksy, Y., Huang, A. & Balogh, R. (2022). Young adults with intellectual and developmental disabilities who participate in Special Olympics are less likely to be diagnosed with depression. Social Psychiatry and Psychiatric Epidemiology, https://doi.org/10.1007/s00127-022-02406-8.

Qui a écrit cet article ?

Les auteurs principaux de cet article sont Dre Meghann Lloyd et Dr Robert Balogh de la Faculté des sciences de la santé de l’Université Ontario Tech. Dre Lloyd a été soutenue dans ce travail par les coauteurs Viviene A. Temple (Université de Victoria), John T. Foley (Université d’État de New York), Sharyn Yeatman (Université Ontario Tech), Yona Lunksy (Azrieli Adult Neurodevelopmental Centre, Campbell Family Mental Health Research Institute au Centre de toxicomanie et de santé mentale CAMH) et Anjie Huang (ICES).

Quel est le facteur d’impact de cette revue ?

Social Psychiatry and Psychiatric Epidemiology avait un facteur d’impact de 4 519 en 2021.

Un facteur d’impact est un indicateur qui estime l’importance ou la qualité d’une revue (une revue avec un FI élevé est considérée plus prestigieuse). Le FI représente le nombre moyen d’articles de la revue qui ont été cités par d’autres. La moyenne est calculée par le nombre de citations divisé par le nombre d’articles publiés sur une période de deux ans.

Comment cette étude a-t-elle été financée ?

En 2015, Olympiques spéciaux Canada a accordé une petite subvention de recherche à Dre Lloyd et Dr Balogh.

Comment tout conflit d’intérêts potentiel a-t-il été atténué ?

Dre Yona Lunsky a été invitée à se joindre à l’équipe de recherche après l’octroi du financement par Olympiques spéciaux. Elle s’est ensuite jointe au conseil d’administration d’Olympiques spéciaux Canada en 2019, bien après l’octroi du financement à l’équipe de recherche. Pour atténuer tout biais potentiel, Olympiques spéciaux Canada et Olympiques spéciaux Ontario n’ont pas participé à l’analyse, à l’interprétation ou à la communication des résultats. Tous les autres auteurs n’avaient aucun conflit d’intérêts à déclarer.

Quelle est la définition des termes « déficiences intellectuelles » et « déficiences développementales » (DID) ?

Les déficiences intellectuelles sont un sous-groupe de troubles neurodéveloppementaux qui présentent trois caractéristiques principales :

  1. Les personnes ont des limitations dans leur fonctionnement intellectuel.
  2. Les personnes ont des limitations dans leur fonctionnement adaptatif, particulièrement dans les domaines conceptuel, pratique et social.
  3. Les personnes commencent à présenter des signes de déficience au cours de leurs années de développement.

 

Les déficiences développementales incluent souvent les personnes présentant une déficience intellectuelle, en raison des limitations partagées du fonctionnement cognitif et adaptatif qui :

  1. commencent avant l’âge de 18 ans ;
  2. sont susceptibles de durer toute une vie ; et
  3. affectent les principales activités de la vie comme l’indépendance.

 

Quel est le taux de prévalence actuel des DID au Canada ?

Dans la province de l’Ontario, le taux de prévalence chez les adultes âgés de 18 à 64 ans avec DID est d’environ 0,8 % de la population. Ce chiffre peut être plus élevé (environ 1 %) lorsque les enfants et les jeunes sont inclus.

Combien de personnes ont été incluses dans cette étude ?

Les dossiers médicaux de 51 103 jeunes adultes atteints de DID ont été inclus dans cette étude, soit 8 710 participants aux Olympiques spéciaux et 42 393 non-participants.

Quel était l’âge des personnes incluses dans cette étude ?

Les dossiers médicaux de jeunes âgés de 19 à 29 ans ont été inclus dans cette étude ; ces jeunes ont été suivis pendant 20 ans.

Pourquoi avez-vous choisi ce groupe d’âge ?

Multiple reasons:

  1. le DID doit être diagnostiqué avant l’âge de 18 ans ;
  2. les algorithmes d’analyse utilisés pour la dépression clinique ont été utilisés auparavant sur des adultes, mais pas sur des enfants ;
  3. les chercheurs disposaient d’un échantillon de grande taille pour ce groupe d’âge ; et
  4. les chercheurs voulaient suivre les athlètes sur une période allant jusqu’à 20 ans, donc à partir de l’âge de 19 à 29 ans, pour terminer l’étude à un âge maximal de 49 ans.

 

Quand cette étude a-t-elle été réalisée ?

Il s’agissait d’une étude de cohorte rétrospective, ce qui signifie que nous avons examiné les informations sur une période de 20 ans avant le début de notre étude. Les données recueillies dataient de 1995 à 2015 et nous avons analysé les données de cette période pour notre publication.

Pourquoi cette étude se concentre-t-elle uniquement sur les personnes avec DID ?

Il existe de nombreuses preuves que les personnes avec DID (enfants, jeunes, adultes, personnes âgées) connaissent d’importantes disparités en matière de santé. Elles ont entre autres un nombre plus élevé d’hospitalisations, moins de dépistages préventifs et des taux plus élevés de troubles psychiatriques. Il est donc important d’étudier les initiatives de promotion de la santé fondées sur des preuves afin de déterminer leur efficacité. Olympiques spéciaux est la plus grande organisation internationale qui appuie les personnes avec DID, et des recherches supplémentaires sont nécessaires sur l’efficacité de leurs programmes.

Où avez-vous obtenu ces données ?

Cette étude représente une analyse secondaire de données administratives existantes, ce qui signifie que les données ont déjà été recueillies à d’autres fins et que nous les avons analysées pour répondre à nos questions de recherche. Pour réaliser cette étude, nous avons établi un partenariat avec Olympiques spéciaux Ontario et, après un examen approfondi de la confidentialité et de l’éthique de la recherche, les données des inscriptions d’Olympiques spéciaux Ontario ont été jumelées aux données provinciales sur la santé de l’organisation ICES. Le jumelage des ensembles de données a permis de déterminer si une personne avec DID vivant en Ontario était également une athlète des Olympiques spéciaux. Une fois reliées, les données ont été analysées par ICES pour répondre aux questions de recherche.

L’ICES est un institut de recherche indépendant et sans but lucratif qui utilise des données sur la santé de la population pour produire des connaissances sur un large éventail de questions relatives aux soins de santé. Les chercheurs de l’ICES utilisent les données hébergées à l’ICES pour mesurer le rendement du système de santé, pour mieux comprendre les besoins changeants des Ontariennes et Ontariens en matière de soins de santé et pour stimuler la discussion sur des solutions pratiques visant à optimiser les ressources limitées.

L’ICES possède de nombreuses années d’expérience dans la réception de données provenant de tiers, et dans l’établissement de liens entre ces nouvelles données et celles des bases de données sur la santé qu’elle gère. L’ICES est une entité prescrite en vertu de la Loi sur les renseignements personnels sur la santé (LRPS), ce qui lui permet de détenir et d’utiliser des fichiers de données sur la santé de la population, administratives, cliniques et autres à des fins d’analyse, d’évaluation et d’aide à la prise de décision. L’accès aux données de l’ICES est régi par des politiques et des procédures conformes aux exigences du Commissaire à l’information et à la protection de la vie privée de l’Ontario.

Les connaissances de l’ICES sont hautement estimées au Canada et à l’étranger, et sont largement utilisées par le gouvernement, les hôpitaux, les planificateurs et les praticiens pour prendre des décisions sur la prestation de soins et pour élaborer des politiques. En octobre 2018, l’institut anciennement connu sous le nom d’Institut des sciences évaluatives cliniques a officiellement adopté le sigle ICES comme nom officiel.

Quel était le but de l’étude ?

Le but de cette étude était de comparer les taux de dépression chez les jeunes adultes avec DID qui participent aux Olympiques spéciaux et ceux avec DID qui n’y participent pas.

Comment les participants à l’étude ayant reçu un diagnostic de dépression ont-ils été identifiés ?

Un algorithme développé par l’équipe de recherche du Mental Health and Addictions Program Framework de l’ICES a été utilisé. Nous avons déterminé si les participants souffraient de dépression à partir des dossiers de santé sécurisés détenus par l’ICES ; ces dossiers provenaient des bases de données des hospitalisations, des visites chez le médecin ou des services d’urgence entre le 1er avril 1995 et le 31 mars 2015. Un diagnostic de dépression a été confirmé si les participants avaient eu au moins deux visites chez le médecin pour dépression, une hospitalisation ou une visite à l’urgence pour dépression.

Pendant combien de temps les jeunes adultes devaient-ils participer aux Olympiques spéciaux ?

Dans le cadre de cette étude, pour être considérées comme participantes aux Olympiques spéciaux, les personnes devaient être inscrites aux Olympiques spéciaux depuis au moins un an. Si une personne n’avait aucune trace de sa participation ou si elle était inscrite aux Olympiques spéciaux depuis moins d’un an, elle n’était pas considérée comme « participante aux Olympiques spéciaux ».

Les participants souffraient-ils de dépression lorsqu’ils ont commencé l’étude ?

Non. Si une personne avec DID avait reçu un diagnostic de dépression dans les 5 années précédant la tranche de la cohorte, elle était exclue de l’étude.

Peut-on dire que les Jeux olympiques spéciaux ont empêché la dépression ?

Nos résultats révèlent que parmi les participants aux Olympiques spéciaux, le risque de développer une dépression a été réduit de moitié. Cette étude étant la première à faire état de ce résultat, nous pouvons affirmer avec prudence que nous avons trouvé une association entre la participation aux Olympiques spéciaux et une diminution du risque de dépression. Une étude menée par d’autres chercheurs dans un territoire différent est nécessaire pour confirmer nos résultats. Plus il y aura de preuves corroborant les résultats de notre étude, plus forte sera la preuve qu’il existe une relation de cause à effet entre la participation aux Olympiques spéciaux et la prévention de la dépression.

Quelles étaient les variables de cette étude ?

La principale variable dépendante était le diagnostic de dépression (oui ou non). La variable indépendante était le statut de participation aux Olympiques spéciaux (participant ou non-participant).

Qu’est-ce qu’une variable confusionnelle ?

Une variable confusionnelle est une caractéristique ou un facteur qui peut influencer les résultats ou expliquer les conclusions. Il est important de tenir compte des variables confusionnelles dans toute étude afin de s’assurer que la relation entre les variables dépendantes et indépendantes n’est pas influencée par autre chose.

Dans cette étude, les variables confusionnelles potentielles que nous avons prises en compte sont les suivantes :

  • le sexe ;
  • la zone de résidence ;
  • la richesse du quartier ; et
  • la morbidité.

 

Qu’est-ce qu’une taille d’effet ?

La taille d’effet est le résultat d’un test statistique qui indiquant l’ampleur de la différence, ou la signification de la relation entre les deux facteurs à l’étude. Si la taille de l’effet est faible, les applications pratiques des résultats sont limitées. Si la taille de l’effet est importante, la recherche a une grande signification pour la pratique. Nos résultats ont révélé une taille d’effet modérée.

Qu’est-ce que le modèle à risque proportionnel de Cox ?

Le modèle à risque proportionnel de Cox, aussi appelé régression de Cox, est une méthode statistique qui peut être utilisée pour étudier la relation entre le temps écoulé jusqu’à un événement pour un résultat (par exemple, le diagnostic de dépression) et une variable explicative (par exemple, la participation aux Olympiques spéciaux). La régression de Cox a été utile dans cette étude en raison de la nature longitudinale des données et parce qu’elle permet aux chercheurs de contrôler simultanément plusieurs variables confusionnelles potentielles. Le modèle produit un rapport de risque.

Qu’est-ce qu’un rapport de risque ?

Un rapport de risque est une mesure de l’effet d’une exposition (par exemple, la participation aux Olympiques spéciaux) sur un résultat (diagnostic de dépression) dans le temps. Le rapport de risque est un rapport entre le taux de risque de développer un résultat (par exemple, la dépression) parmi les personnes exposées à une variable (par exemple, le groupe de participants aux Olympiques spéciaux) divisé par le taux de risque de développer un résultat parmi les personnes NON exposées à une variable.

Un rapport de risque égal à 0,5 indique qu’à tout moment, les patients du groupe exposé sont deux fois moins nombreux à subir un événement que ceux du groupe non exposé. Un rapport de risque égal à 1 indique qu’à tout moment, les taux de risque sont les mêmes dans les deux groupes. En d’autres termes, un rapport de risque nous indique si un sujet du groupe de traitement (par exemple, un participant aux Olympiques spéciaux) qui n’est pas affecté (par exemple, un diagnostic de dépression) à un moment donné a une probabilité supérieure, égale ou inférieure (c’est-à-dire un taux de risque) de subir l’événement (par exemple, un diagnostic de dépression) au cours de la prochaine unité de temps qu’un sujet non affecté du groupe témoin (par exemple, un non-participant).

Dans notre exemple, le taux de risque de dépression chez les participants aux Olympiques spéciaux par rapport au taux de dépression chez les non-participants génère un rapport de risque de 0,51. Le rapport de risque est inférieur à 1, ce qui indique que le risque de développer une dépression était moindre chez les participants aux Olympiques spéciaux que chez les non-participants. À tout moment au cours du suivi, les participants aux Olympiques spéciaux étaient 0,51 fois plus susceptibles de développer une dépression que ceux qui n’y participaient pas. Une autre façon de décrire cela est qu’ils ont eu une réduction du risque de 49 %.

Qu’est-ce qu’un rapport de risque ajusté ?

Un ratio de risque ajusté est un ratio de risque généré par la régression de Cox qui contrôle l’influence des variables confusionnelles potentielles. En ce qui a trait à cette étude, nous avons ajusté pour le sexe, la zone de résidence, la richesse du quartier et une mesure de la morbidité.

En quoi les deux groupes de participants différaient-ils ?

Nos analyses ont indiqué que ces groupes, participants et non-participants aux Olympiques spéciaux, n’étaient pas significativement différents les uns des autres concernant aucune des variables incluses : quintile de revenu, zone rurale ou urbaine, et mesure de la morbidité.

Que signifient 19,95 et 9,49 pour 1 000 personnes par année ?

En épidémiologie, ces valeurs sont appelées taux d’incidence. Elles représentent le nombre de nouveaux cas de dépression pour 1 000 personnes par an dans les deux groupes que nous avons étudiés. Dans notre étude, si vous suiviez 1 000 non-participants pendant un an, 19,95 cas de dépression se produiraient ; en revanche, si vous suiviez 1 000 participants aux Olympiques spéciaux pendant un an, 9,49 cas de dépression se produiraient.

Pourquoi la participation aux Olympiques spéciaux a-t-elle un impact sur la dépression ?

Nous ne savons pas exactement pourquoi la participation aux Olympiques spéciaux a un impact sur la dépression, mais nous supposons qu’outre le fait de passer du temps à être physiquement actif ou à faire de l’exercice, le fait de tisser des liens sociaux et de faire partie d’un groupe améliore l’estime de soi, l’auto-efficacité, l’humeur générale liée aux sentiments de réussite, l’autodétermination, l’indépendance liée à la maîtrise des compétences, le mentorat, les amitiés et le plaisir.

Dans quelle mesure ces résultats sont-ils pertinents pour d’autres provinces ou territoires, ou d’autres pays ?

Étant donné que cette étude était une analyse basée sur une population, nous sommes convaincus que les résultats peuvent s’appliquer aux régions à travers le Canada. Toutefois, pour s’en assurer, des études futures devraient investiguer, lorsque cela est possible, si ces résultats persistent dans d’autres territoires.

Quelles sont les limites de cette étude ?

Toute étude a des limites. Dans celle-ci, nous n’avons pas pu contrôler le type ou l’intensité des activités ou sports pratiqués par les athlètes des Olympiques spéciaux, ni s’il s’agissait de sports individuels (par exemple, l’athlétisme) ou de sports d’équipe (par exemple, le basket-ball). Cependant, même les participants pratiquant des sports individuels assistent aux entraînements collectifs et bénéficient de la dynamique d’équipe globale.

De plus, nous ne savons pas quels types de soutien ces adultes avec DID reçoivent dans leur vie quotidienne et si le niveau de soutien diffère entre ceux qui participent aux Olympiques spéciaux et ceux qui n’y participent pas (par exemple, famille, services sociaux, entraîneurs, travailleurs de soutien personnel, etc.)

Cet ensemble de données ne permet pas non plus de déterminer les capacités d’expression, ni, de la même manière, de déterminer le niveau de DID pour comparer les groupes. Il s’agit là de limitations importantes, car elles pourraient conduire à un sous-diagnostic de dépression.

Nous ne savons pas non plus si la participation aux Olympiques spéciaux réduit les symptômes de la dépression chez les personnes qui sont déjà déprimées. De même, nous ne pouvons pas savoir si les non-participants à cette étude étaient physiquement actifs dans des programmes ou des activités à l’extérieur du cadre des Olympiques spéciaux.

 

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